Kamyon, première pièce du festival du Tarmac : un véritable entre-sort
Par Caroline Tricotelle
A la manière du théâtre forain, le théâtre vient à nous et s’installe dans nos rues, place de la Réunion dans le 20ème arrondissement de Paris, du 21 février au 25 février.
Le théâtre ? C’est un camion que l’on voit, avec ses portes immenses qui s’ouvrent pour nous laisser nous serrer dans son antre, et pour nous emmener en voyage. C’est quelques lampes torches. C’est un tas de caisses qui sculptent l’espace intérieur réduit à presque rien ; juste assez pour qu’une enfant joue encore.
Si la limite invisible de la scène s’efface au profit d’une proximité désarmante, c’est avant tout la présence de cette petite fille qui nous saisit, débordante d’énergie, de rêves, de tout ce qui nous émerveille et que nous avons perdu : l’enfance. On retrouve alors cette faculté de voir et d’interpréter le monde avec ce point de vue si particulier et si beau ; fait de simplicité, de croyance et de fantaisie. Tout apparaît à travers la parole de la petite fille.
Cet espace théâtral se charge alors de sens et nous bouleverse. Comme le dit l’auteur et metteur en scène Michael de Cock, le théâtre, c’est une expérience, et aussi un « exercice d’empathie ». Il renvoie le spectateur à la matérialité du monde puisque le camion devient un espace propice au jeu de cache-cache. C’est le théâtre, ce lieu où on se raconte des histoires. Mais il fait aussi accéder le spectateur à une autre matérialité : celle d’un voyage effectué au moyen de ce véhicule vers un autre pays « où tout est nouveau ». Cette expérience, la petite fille et le spectateur la partagent. On sort avec elle du camion. Cet espace est aussi celui du sensible. Il accueille les non-dits, les espoirs et les peurs de l’enfant. Il permet le déploiement surréaliste d’images de rêve éveillé grâce à l’ingéniosité de l’équipe de conception de la pièce. Et il nous bouleverse parce qu’il se limite à la parole de la petite fille. Pas de pathos surexposé ni de discours ; juste les mots d’une enfant qui laisse derrière elle le monde des adultes… ou qui va au devant…
A voir absolument, et à réserver très vite du fait d’une jauge réduite !
http://www.letarmac.fr/la-saison/spectacles/p_s-kamyon/spectacle-113/
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