La Plume Francophone
Par Miguel Bonnefoy
Je fais partie de ces jeunes auteurs sur qui La Plume Francophone a eu la générosité de tourner son regard. J’en garde un souvenir plein de reconnaissance et de noblesse. Ali Chibani, et toute la fascinante équipe dont il fait partie, ont placé mes humbles paroles aux côtés de celles gravées dans la postérité, bâties dans la glaise de grands auteurs, taillées dans le bois de la littérature mondiale. J’ai donné des ronces, ils en ont fait des roses. Grâce à leur blog, à leurs lecteurs, à leur suivi, à leur mystérieuse et envoûtante présence, j’ai senti qu’ils avaient donné un relief à ce qui semble plat, une épaisseur à ce qui paraît fragile, une clarté à ce qui s’agite dans l’ombre. J’ai eu l’impression qu’il y avait peut-être là une fraternité engagée, un pacte résolu, une solidarité pleine de patience et d’écoute qui compose la pulpe narrative autour du noyau d’un livre. Ce n’était pas le début d’une carrière, ou la naissance d’un autre homme, ou une forme de révélation. Lentement, c’était comme si un pays se fondait, peu à peu, grâce à eux, de ses fondations discrètes et timides, qui n’ont pas l’orgueilleuse insolence des premiers pas, mais l’espoir délicat d’une utopie. Aujourd’hui, la Plume Francophone a dix ans. Elle a vieilli dans les barriques de mon cœur, comme un vin de Salim Bachi, comme un rhum d’Ananda Devi, s’améliorant avec le temps, en m’enseignant à partager des lectures avec des auteurs comme le partage du pain. Je souhaite dix ans de plus à la Plume Francophone, non seulement pour les lire, mais également pour les boire.
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