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Mouloud Feraoun et Jean Amrouche, une Histoire, deux journaux

Mouloud Feraoun et Jean El Mouhoub Amrouche : le journal comme « asile de paix » dans un drame spirituel*

Par Ali Chibani

   En 2012, nous avons « célébré » les 50 ans de la fin de la colonisation française. Nous avons aussi commémoré les 50 ans de l’assassinat de Mouloud Feraoun. Nous ne devons pas oublier qu’il y a 50 ans nous quittait aussi un autre intellectuel, le père fondateur de la littérature francophone algérienne, Jean El Mouhoub Amrouche. Celui-ci et Mouloud Feraoun se distinguent dans l’histoire des littératures algériennes par la tenue d’un journal publié en 1962[1] pour celui de Mouloud Feraoun et en 2011[2] pour celui de Jean Amrouche. Les deux journaux sont d’inspiration différente. L’auteur d’Etoile Secrète a tenu à noter tout ce qui advenait dans sa vie pour en garder une trace écrite. Son journal est donc intime. Mouloud Feraoun, lui, a été prié par ses amis, particulièrement Emmanuel Roblès à écrire tout ce qu’il leur rapportait comme drames pendant la guerre d’indépendance. Son travail se veut donc moins intime. Cela l’est en effet mais seulement à première vue, car, comme nous allons le découvrir ici, son activité de diariste va rapidement se transformer en une activité intime même si Mouloud Feraoun ne perd jamais de vue la guerre d’Algérie. A l’inverse, on remarque une baisse du témoignage intime dans le Journal d’Amrouche après le début de la guerre et cette baisse est de plus en plus prononcée au fur et à mesure que l’intellectuel se retrouve engagé dans la lutte politique pour la libération.

De la subjectivité à son abolition

mouloud_feraoun_journal_1955-1962Mouloud Feraoun veut dédier toute son activité de diariste au témoignage sur la guerre en cours. C’est en tout cas ce que prouvent les premières pages de son journal où il revient sur le déclenchement de la guerre. La suite évoque des faits, des violences dont sont essentiellement victimes les populations civiles. Dès les premières pages, pouvons-nous dire, la subjectivité inhérente au genre autobiographique et au journal est marquée. Ainsi, Mouloud Feraoun dénonce les violences d’où qu’elles viennent. Bien qu’il soit déjà acquis tout entier à la nécessité de l’indépendance de l’Algérie, il désapprouve le meurtre des personnes accusées ou soupçonnées de trahison par l’ALN. De toutes les critiques plus ou moins acerbes adressées à l’auteur sur sa position durant la guerre, Youssef Nacib est le seul à avoir pointé du doigt l’importance de la formation scolaire qui a forgé l’esprit intellectuel de Feraoun, notamment à l’école normale de Bouzaréa[3]. Pour notre part, cette manière de mettre par moments sur un pied d’égalité les violences de l’ALN avec celles de l’armée coloniale, trouve aussi son explication dans la profession de l’auteur. Un bon enseignant, c’est celui qui réserve un traitement égal à tous ses élèves. Et on sait, à la lecture de ce journal, à quel point ces étudiants agissent de lieu transitionnel pour les jugements de Feraoun sur la guerre. Quelques-uns d’entre eux ont été tués par les soldats français, d’autres par l’ALN. Ce comportement d’enseignant est un recours pédagogique pour mettre un terme aux rivalités et à la surenchère dans la violence comme le démontre Sigmund Freud :

La première exigence qui naît de cette réaction est celle de justice, de traitement égal pour tous. On sait avec quelle force et avec quelle solidarité cette revendication s’affirme à l’école. […] On pourrait considérer comme invraisemblable cette transformation de la jalousie en un sentiment de solidarité chez des enfants réunis dans la même chambre et assis sur les bancs de la même école, si le même processus ne s’observait pas plus tard et dans d’autres circonstances[4].

Sa différence affirmée, Mouloud Feraoun se résout néanmoins au caractère inévitable de cette guerre. Sous le poids des contraintes collectives, le Moi de l’auteur se laisse abolir. C’est ce qui ressort de ce passage où l’on évolue d’une subjectivité menacée à une subjectivité qui s’efface volontiers : « À Alger, la grève du tabac avait commencé. Et celle de l’alcool. Il me fallait fumer en cachette. […] Moi j’en suis à me demander : “Est-ce un bien, est-ce un mal ?” Ce qui me préoccupe c’est plutôt l’issue, le résultat. En tirerons-nous bénéfice ? Dans ce cas, oui, quel qu’en soit le prix. Tant pis pour moi, c’est-à-dire pour les cas particuliers[5]. »

Sa différence et sa solitude, Feraoun la cultive aussi face à ses pairs en littérature. Il affiche des jugements d’une sévérité extrême à l’égard de Jean Amrouche. Il faut rappeler que ce dernier avait refusé de publier Le Fils du Pauvre. Cela explique-t-il la colère de Feraoun à l’égard du traducteur des Chants berbères de Kabylie[6] dont il dit, à la suite de son article dans Le Monde intitulé « La France comme mythe et comme réalité : de quelques vérités amères[7] » :

Voilà un monsieur qui a tout renié du Kabyle, francisé jusqu’au bout des angles, admis partout sans réticence, admiré et écouté dans les milieux littéraires parisiens, rédacteur en chef de la radiodiffusion nationale, qui brusquement se découvre une nature de bicot, de bicot brimé, d’homme inférieur qui ne peut être ni assimilé ni intégré. C’est de la modestie, ou je ne m’y connais pas. Un tissu de lieux communs qui pue la trahison[8].

Pourtant, Jean Amrouche, et depuis les massacres du 8 mai 45, n’avait de cesse de remettre en cause sa position vis-à-vis de la France. Après l’éclatement de la guerre, il prend définitivement fait et cause pour l’indépendance et devient l’un des porte-parole du peuple algérien dans le monde. « Le FLN n’avait pas choisi le Terrorisme, on l’a forcé à s’y engager[9]. » Manifestement cet engagement aura eu une conséquence sur son journal : il semble s’en être détaché et la subjectivité disparaît presque complètement. Nous disons cela avec toute la distance qui s’impose puisque le Journal publié est une partie seulement des plus de 1000 pages manuscrites. Néanmoins, après 1954, il est de moins en moins question des lectures et des analyses littéraires auxquelles la première moitié de l’ouvrage nous a habitués. Amrouche évoque très peu ses amis du monde littéraire, à l’exception de ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont pris position pour ou contre le FLN. Parmi eux, Albert Camus, André Malraux, Jules Roy… Néanmoins, le sujet souffre et s’efface à cause de son impuissance à s’identifier aux grandes figures de la littérature auxquelles il se compare : « L’art et l’expression de Mauriac me font cruellement défaut[10]. »

Dans son Journal, l’abolition de la subjectivité s’exprime notamment à travers le « fantasme du corps dissocié » alors que la haine de soi court dans la plupart des pages du Journal : « On s’accoutume au mépris de soi-même. On s’y enfonce, on s’y vautre[11]. » Amrouche explique enfin le mal qui allait l’emporter par les déchirements qu’il a vécus dans son immanence et qui sont liés à la guerre d’Algérie. C’est ce que fait aussi Mouloud Feraoun qui semble diminué physiquement parce que sa raison reste impuissante devant la violence de la guerre. C’est ce qu’il entend faire comprendre dans ce passage où les limites du corps trahissent les limites de la raison : « J’ai été malade depuis avant-hier. Une grosse grippe et tout le temps que je viens de passer au lit avec la fièvre, les maux de tête, les points de côté, les éternuements, la toux déchirante, tout ce temps-là je n’ai cessé de me répéter : c’est vrai, c’est vrai, c’est vrai…[12] ». Le 2 novembre 1956, Mouloud Feraoun se regarde et dit : « … je continuerai à tenir ces carnets où en somme il n’y a que moi avec mon désarroi, mon impuissance et mon irresponsabilité ; où il n’y aura que moi avec ma peur et ma révolte, mon égoïsme, ma quiétude et ma culpabilité[13]. » Ce passage est édifiant comme le démontre Alain Girard :

Le bonheur qui leur [aux diaristes] échappe est fait en grande partie […] de la privation des éloges, du manque d’approbation ou de l’impossibilité d’agir sur autrui. Le monologue du journal intime est en réalité un dialogue continu, d’où la présence de l’autre n’est jamais exclue. Où plutôt, il n’est monologue que dans la mesure où l’autre se dérobe, où sa présence physique dans les relations interpose un écran qui empêche de pénétrer dans l’intimité de sa conscience, qu’il s’agisse d’amour, d’amitié ou de toute autre forme d’échange[14].

Il est conforme aux leitmotivs du journal intime. Feraoun parle d’égoïsme, nous préférons ici le mot d’« égotisme », de solitude et de difficulté de nouer des liens avec les autres. Tout comme Jean Amrouche qui constate toutefois le bouleversement induit par la guerre dans sa pratique de diariste amené à faire « don de soi sans ménagement, ni réserve ou ruse[15] » au profit du témoignage historique : « (Ainsi les choses les plus importantes ne prennent-elles pas place dans les journaux intimes. Il est vrai qu’il ne s’agit pas à proprement parler d’un journal.)[16] ». Pourtant au début de l’année 1959, il intitule la suite de ses notes « Journal d’un Algérien » et confie : « Tenter de dire ici, au jour le jour ce qui concerne la tragédie[17]. » Cet investissement dans la guerre est un sacrifice de soi en faveur des autres, un sacrifice qui contraint à ce qu’Amrouche nomme « impersonnalité » : « Ainsi avais-je contracté la maladie de me croire prédestiné à l’exercice dans la société d’un ordre logique qu’elle m’imposait comme une loi absolue, à la recherche d’une impersonnalité qui devait être la marque et le couronnement de ma personnalité propre[18]. » Le journal n’est plus alors celui d’une personne privée, intime, mais d’un personnage public.

Derrière la transparence du reflet du Moi, ou sa difformité, se cache un désir d’existence hypertrophié. Alain Girard écrit à ce propos :

L’expérience vécue par les intimistes, et que rapporte leur journal, se situe toujours plus ou moins entre ces deux pôles extrêmes, entre le désir de s’incarner davantage, pour mieux disposer de la vie, comme d’un bien, et le désir de se désincarner, pour mieux disposer de la force de la volonté. […] Il est une tentative pour échapper à la mobilité de ses impressions, et au passage douloureux de l’alacrité au découragement et arriver à la maîtrise de soi[19].

Le journal n’est alors plus l’affirmation d’une solitude ou d’une inadaptation, mais le lieu de réparation de la peau narcissique abimée par les violences historiques. L’auteur passe outre les limites imposées par la souffrance de la solitude à laquelle il prête une nouvelle signification : la liberté : « Je crois que son dépit [le capitaine T.] vient de là : il n’a pas pu m’utiliser et, non seulement, je lui ai échappé, il sent fort que je ne veux pas dépendre de lui, que je suis depuis longtemps indépendant, que je ne souhaite rien. Hormis la fin d’un affreux cauchemar, des assassinats et des destructions[20]. » L’égotisme du diariste ressort également dans son sentiment qu’il est appelé à jouer un grand rôle dans l’histoire de son pays, surtout quand ce rôle est reconnu. Jean Amrouche qui, en 1958, se félicite d’avoir contribué au retour de de Gaulle au pouvoir écrit : « “Ils” ont enfin reconnu que j’avais raison. B. me l’a avoué hier […]. Toute cette organisation, où le sang du peuple le plus héroïque a compté pour si peu, va s’effondrer[21]. » Ce sentiment narcissique est ambivalent tant il est impuissant devant la cyclothymie dans laquelle l’homme est enfermé par les violences historiques. Dès lors, c’est le retour au sentiment hypertrophié de la dissemblance avec les autres.

Le Moi se pose alors comme le bouc-émissaire dont le sacrifice est considéré comme inévitable pour contenir ou détourner la violence. Dans le cas de Mouloud Feraoun et de Jean Amrouche, cette dissemblance se structure autour de la figure de l’intellectuel sorti de l’école française et qui emploie contre la colonisation la pensée de la France, avant de prononcer le divorce définitif d’avec une certaine idée qu’il se faisait de ce pays : « La langue même dont je me sers pour t’atteindre, la tienne, dit Amrouche, est notre seul bien commun, je sais que tu ne le reconnaîtras pas, sinon comme une arme que je t’aurais dérobée pour la retourner contre toi[22]. » Cette position de « voleur de feu », pour paraphraser Mouloud Mammeri, n’est pas du tout aisée pour l’intellectuel francophone qui se veut critique et libre dans ses choix, qui refuse d’aller dans le sens commun ou de faire un choix manichéen et tranché. Si Amrouche et Feraoun se sont prononcés très tôt pour l’indépendance algérienne, ils n’ont pas pour autant été accueillis comme ils l’auraient voulu par la société algérienne. Feraoun, lors d’un voyage en France, est blessé dans son amour propre par un Algérien qui lui reproche de « prêcher l’assimilation[23] ». Il se souvient par ailleurs des propos du général Olié : « “M. F. est un homme d’avenir. Nous avons confiance en lui”. J’ai donc bien compris l’intention du général. Tout ceci est très flatteur pour moi. Mais je crois que dans l’autre camp également je bénéficie de la même méfiance. Je suis en équilibre sur une corde bien raide et bien mince[24]. » Amrouche, on l’a vu, n’est pas épargné par Feraoun qui voyait en lui un traître, alors même qu’il était considéré par ses anciens amis français comme, là aussi, un traître. Les deux auteurs se voyaient comme un trait d’union entre la France et l’Algérie, entre le FLN et de Gaulle (pour Amrouche) mais ils savaient que cela avait un prix : la non reconnaissance de leurs efforts dans les deux rives de la Méditerranée. Dans un brouillon de lettre devenu célèbre et qu’Amrouche adresse à El Hachemi Cherif, il est dit :

« Tu m’as fait reproche d’un excès d’humilité, tant vis-à-vis de de Gaulle que vis-à-vis du GPRA. Tout au contraire je me félicite d’avoir supporté, sans que mon orgueil ou ma fierté en fussent atteints dans mon for intérieur, les conséquences d’une position singulière que j’assume en pleine lucidité. Je suis le pont, l’arche, qui fait communiquer deux mondes, mais sur lesquels on marche, et que l’on piétine, que l’on foule. Je le resterai jusqu’à la fin des fins. C’est mon destin. […]

Je m’étais fixé un but : la reconnaissance du droit à l’indépendance de l’Algérie, et l’ouverture d’une négociation sans préalable ni condition. Ce but est désormais atteint. Ma tâche est donc terminée.

Je ne sais si j’ai motif de tirer gloire de l’action que j’ai menée, publiquement et dans l’ombre. Je me flatte en tout cas de n’en avoir tiré aucun profit, et de n’en attendre aucun bénéfice. Je n’ambitionne d’occuper aucun poste dans la République algérienne…[25].

Si nous avons lu une grande partie de ce brouillon, c’est qu’il met en relief la figure du diariste et son rapport complexe aux autres, et surtout à soi comme quelqu’un qui tient d’origines complètement à part : Kabyle chrétien pour Amrouche, Kabyle des montagnes pour Feraoun, dans un monde où les figures de contradiction culturelle qui fonctionnaient le mieux opposaient les Français aux « Arabes » ou aux « musulmans d’Algérie » puisqu’il n’était pas question d’Algériens. Le diariste apparaît comme une personne ayant une haute idée d’elle-même en tant qu’humain. Pour cela, il choisit la solitude et dès qu’il l’atteint il veut retrouver le monde dont il s’est coupé. Son désintérêt du monde se manifeste dans son refus des honneurs publics et des privilèges matériels. Cela nous rappelle Feraoun qui a refusé de mettre sa vie à l’abri grâce à un poste proposé au ministère des Affaires étrangères à Paris ou encore de sénateur. Le diariste, qui enregistre facilement et profondément les souffrances du monde comme siennes, s’efface dès que l’objet de sa quête est atteint. Pour lui, le seul privilège qu’il espère avoir, c’est la reconnaissance des siens pour survivre dans les mémoires. Sa modestie et son auto-abolition sont censées justifier cette immortalité. L’égotisme du diariste n’est maîtrisé que pour mieux se découvrir ailleurs : il se désintéresse du matériel et du mortel, il attend tout du spirituel et de l’immortel. Tant pis si cela le plonge dans la pauvreté ou complique sa vie professionnelle.

Dans le journal, ces difficultés transfigurent sa présence et lui donnent un caractère mystique. Beida Chikhi dit à propos du journal d’Henri Bauchau :

Il me semble alors que Bauchau, à travers son questionnement, entre progressivement dans le champ des écrivains mystiques. Comme Amrouche, Jabès et tous ceux qui n’ont de cesse que d’avoir remplacé le dogme de leur croyance par la relation mystique, Bauchau, l’enfant-vieillard, est happé par le doute. Il cherche alors la réponse au-delà de la folie et de l’angoisse, dans la fusion mystique à laquelle accède « le peuple du désastre » dans sa fusion avec le signifiant « Espérance », signifiant ultime, nommé au commencement de la lettre synthétique de l’absence et de la présence : L. qui nous fait entendre EL, le radical biblique du nom de Dieu[26].

La part mystique de la tenue d’un journal, Amrouche le souligne dès la première page écrite en 1928 où le créateur s’en remet au Créateur : « Ce grand papier tentera plus souvent ma plume que les petits. Je prie Dieu qu’il me donne la force de le remplir[27]. » Le journal s’inscrit ainsi dans la suite de l’œuvre divine. Feraoun n’est pas en reste. Il compare implicitement son journal à un livre sacré qui n’est pas fait pour être altéré : « Je me suis replongé dans un triste passé et j’en sors accablé. Je suis effrayé par ma franchise, mon audace, ma cruauté, et parfois mon aveuglement, mon parti-pris. Pourtant ai-je droit d’y toucher, de retourner, d’ajuster, de rectifier ?[28] ».

Vérités, toute la vérité, rien que « ma vérité »

 

            Nous avons expliqué la différence de jugement de Mouloud Feraoun à l’égard de la guerre par son métier d’enseignant. Cela n’est toutefois pas suffisant. Cette obsession de dire « non », de rester seul, s’explique pour le psychanalyste Marcelo N. Viña par la volonté du créateur ou du rebelle à toutes les foules de maintenir intacte ses capacités intellectuelles, sa lucidité et, surtout, toute son humanité :

Dire non à la pression du groupe, non à la complicité avec le groupe, c’est cela que nous ressentons de stupéfiant et de choquant quand Hannah Arendt nous conduit implacablement à la « banalité du mal », au sens où l’individu monstrueux n’est pas fondamentalement une personnalité malveillante ou perverse, mais avant tout un bureaucrate manipulé puis séduit par les plaisirs avantageux que lui octroie sa position de maître dans l’habile montage de l’ensemble transsubjectif. [Et] en pleine Première Guerre mondiale, dans la Psychologie des foules et analyse du moi, [Freud] souligne que la rationalité de l’individu seul se dissout et s’effondre dans l’hypnose de la multitude[29].

journalamroucheC’est dans les moments de solitude que l’on est le plus près de nos vérités. L’émetteur n’a pas à jouer au communicant stratège qui voudrait plaire à son récepteur. Dans le journal, le récepteur, c’est l’émetteur lui-même. Ce n’est pas le cas du journaliste. Jean Amrouche et particulièrement Mouloud Feraoun sont indignés par la propagande des médias. L’auteur de La Terre et le sang[30], critique la mauvaise foi de la presse qui, en mentant, donne l’illusion aux Français d’Algérie de gagner la guerre et les encourage ainsi à la poursuivre : « Cet optimisme communicatif est puisé directement dans le journal où s’étalent, chaque matin, le résultat d’une opération d’envergure, le nom d’un grand chef terroriste arrêté ou abattu, une modification importante dans le projet de loi-cadre tendant à minimiser les réformes et somme toute à sauvegarder l’essentiel du statu quo ante qui nous a valu tant de deuils[31]. » Le journaliste professionnel qui s’autocensure ou qui est censuré se met au service d’une illusion : « L’Express publie aujourd’hui son interview de Si Azzedine. Debré fait saisir. […] L’opinion [française] seule est traitée en mineure, alors que c’est elle plus que tout autre qui a besoin de savoir la vérité sur l’Algérie et d’entendre ce que les “rebelles” ont à dire. Cette saisie est un acte lâche et immoral[32]. » En conséquence, le journaliste professionnel s’oppose à la figure du diariste qui est réaliste. Celui-ci rapporte les faits tels qu’ils les a vus ou entendus. D’ailleurs, Feraoun se dégage de toute responsabilité si jamais ces propos ont travesti la réalité de la guerre : « Que certaines affirmations soient faussées, déformées, incomplètes, je le reconnais à l’avance mais je précise que, dans de tels cas, l’erreur – ou le mensonge – est imputable à mes informateurs, non à moi et j’ai maintes fois expliqué comment ces informateurs interprétaient l’événement[33]. » Feraoun, dont le regard acerbe sur les médias ressort dans Les Chemins qui montent, se comporte pourtant en journaliste. Il cherche l’information, la recoupe, la vérifie sur le terrain, interroge les protagonistes des deux bords concernés… Jean Amrouche, lui, était journaliste à la radiodiffusion avant d’être licencié par Michel Debré pour ses positions indépendantistes. Il a travaillé dans la presse, inventé les entretiens littéraires… Néanmoins, il est moins un journaliste de terrain, qu’une sorte d’analyste, de chroniqueur. Aussi était-il à l’affût des discours et des écrits français auxquels il répondait par des contributions d’une finesse et d’une profondeur à hypnotiser le public. Ainsi, cette fois lors d’une intervention en France, Amrouche se flatte de constater : « Effet de choc saisissant de mon éloquence, comme à Nice au colloque méditerranéen. Émotion. Larmes[34]. »

            Le côté diaphane de la subjectivité du diariste l’autorise à circuler très facilement d’un lieu à l’autre, du côté algérien au côté français. « [Il] s’agit en effet pour l’écrivain de rendre compte des événements ainsi que de tout le climat psychologique ambiant qui les éclaire. Il cherche donc, par esprit d’équité et de clairvoyance, à adopter quelquefois le point de vue des Français[35]. » L’équité n’est pas la seule préoccupation du diariste. Livré entièrement à lui-même, il considère que sa liberté doit aussi s’affirmer en produisant un journal qui ne soit admissible dans aucune clôture mémorielle, ni dans aucune « stratégie de mémoire ».

            Quelle est donc la finalité du récit sur la guerre d’Algérie dans le journal intime qu’il soit d’Amrouche ou de Feraoun ? Les deux auteurs sont préoccupés par la construction de l’avenir après les violences dont ils étaient témoins et parfois victimes. C’est pour cet avenir que Mouloud Feraoun a continué son travail d’enseignant où il ne se sentait plus à l’aise. Mais les contraintes administratives de plus en plus pesantes méritaient, à ses yeux, d’être surmontées pour préparer l’élite intellectuelle qui allait faire l’Algérie indépendante. Jean Amrouche voulait lever l’énigme des origines de la guerre pour servir à la fois les Algériens auxquels il rendait leur dignité et leur humanité atteinte par les accusations d’être acteur d’une violence qui serait inhérente à leur personnalité, et pour servir aussi les Français qui devaient en finir avec ce qu’il nomme très souvent le « fascisme ».

Tout cela signifie que Feraoun et Amrouche ont conscience que l’indépendance de l’Algérie n’impliquait pas nécessairement la fin des violences. Le dessein, pour ne pas dire l’obsession, des deux diaristes ici est le trauma qui allait être laissé en héritage aux survivants mais aussi à leur descendance. Pour cela, Amrouche et Feraoun affichent un scepticisme certain quant à l’avenir des Algériens. Pour eux, le retour de la violence est inévitable si les séquelles de la guerre ne sont pas interrogées de manière objective. Mais cette projection dans l’avenir doit être lue comme une manière de se questionner sur la continuité du Moi à travers la continuité du temps. Quand l’histoire donne raison à Jean Amrouche, la solitude et l’effacement du Moi deviennent des vertus qui le dégage de la dissolution subjective : « Oui : j’ai raison, et j’aurai raison jusqu’au bout, la paix viendra par le chemin que j’ai jalonné et défini avant tout le monde, pour les deux camps. Et c’est pour cela que d’avance je me savais condamné[36]. » En revanche, Mouloud Feraoun voit dans la continuité du temps, la répétition du Même au détriment de son existence personnelle. Il s’efface complètement et parle de l’avenir comme s’il ne le concernait plus : « Pauvres montagnards, pauvres étudiants, pauvres jeunes gens, vos ennemis de demain seront pires que ceux d’hier[37]. » Parce que la cyclothymie est liée à la violence et qu’il est difficile de se couper de sa solitude, Amrouche tue le mythe :

Je dirai ce que j’ai vu des héros, aux temps de la lutte noire quand on ne voulait voir en eux que des assassins. Après quoi je n’aurai plus qu’à me taire à leur sujet puisque, cessant d’être des héros, ils seront devenus généraux, ministres, ambassadeurs et présidents de Conseil. […] Mon royaume n’est pas leur royaume. Vous vous demanderez pourquoi ce désenchantement à l’heure d’une victoire pour laquelle j’ai combattu ? Il n’est pas temps de le dire, je suis ici tapi dans ma vérité, plus seul que jamais je ne fus[38].

La continuité du temps ne se fait pas qu’en regardant vers l’avenir. Il faut aussi regarder vers le passé dont Amrouche dit : « Je ne tardais pas à comprendre qu’il me fallait, dans mon présent, lire un passé que j’ignorais, et que ce passé vivait en moi, agissait en moi et par moi […] qu’il se perpétuait autour de moi, dans mon environnement immédiat, d’une manière ensemble évidente, naïve et menacée, pathétiquement[39]. » La mise en relief de l’adverbe « pathétiquement » par une virgule marque la rupture symbolique qui menace l’être avec sa culture, et surtout avec sa mère. Le passé prend aussi valeur symbolique de la mère chez Feraoun, mais pas seulement. Il est aussi le visage du père illégitime dont il faut se couper : « Maintenant j’ai compris. Inutile d’aller plus loin. Je peux mourir aujourd’hui, être fusillé demain : je sais que j’appartiens à un peuple digne qui est grand et restera grand, je sais qu’il vient de secouer un siècle de sommeil où l’a plongé une injuste défaite, que rien désormais ne saurait l’y replonger…[40] ». Un passage que Feraoun considère comme « puéril ». Il serait donc comme un enfant prisonnier à la recherche de la mère dont il a été séparé.

La violence drame spirituel : quête de la mère

 

   Mouloud Feraoun         C’est que les diaristes vivent les violences de la guerre comme un drame spirituel. La souffrance morale se lit perceptiblement dans la révolte du diariste contre la torture systématisée que Feraoun décrit avec minutie et sur laquelle Amrouche n’a de cesse de revenir. Tous les deux la vivent dans leur âme : « … reprendre aujourd’hui dimanche [ce cahier qui tient de journal] est pour moi une séance de torture[41]. » C’est leur foi en l’humanité qui est, dit Feraoun, « suffisamment ébranlée pour que je sois désormais capable d’hypocrisie ou victime de naïveté[42]. » Comment garder son humanité face à la violence de la guerre ? Les deux poètes ont eu pour réponse un usage hypertrophié du pathos qui les confirme dans leur solitude et dans leur subjectivité. C’est aussi cette sensibilité perdue par l’homme en guerre dont il est fait un grand étalage dans les pages du journal. On assiste alors à la naissance d’un sujet lyrique en quête d’une autre éthique pour le monde. De ce fait, la morale occupe une place de choix dans le récit des deux auteurs. Quand Jean Amrouche et Mouloud Feraoun évoquent les traditions et les règles de vie collective en Kabylie, il ne faut pas y voir, comme certains l’ont fait, une tendance au régionalisme ou simplement une volonté d’humaniser le Kabyle et, à travers lui, l’Algérien, il s’agit surtout et avant tout de l’intuition d’un monde qui disparaît et qui va céder sa place à un autre fondé sur le sang et l’incertitude. Que ce soit la mort de Chabha dans Cendres[43] de Jean Amrouche, ou la mort d’Amer N’Amer dans Les Chemins qui montent[44], les deux écrivains relatent une forme de disparition des valeurs fondatrices d’une culture qui, parce qu’elle est négligée pour d’autres types de culture, sont transparentes et irrémédiablement impuissantes devant la violence, symbolique d’abord puis réelle, qui se déchaîne sur le peuple colonisé. Cette disparition du culturel est vécue par Amrouche et par Feraoun comme une disparition de soi. D’ailleurs, le nom même d’Amer n’Amer en est le symbole le plus frappant. Car la traduction du nom peut-être par l’histoire généalogique du personnage Amer fils d’Amer, c’est-à-dire, dans l’esprit du Kabyle qui ici nomme, l’esprit d’Amer qui réoccupe son lieu de vie et de culture. On peut abréger par une traduction d’Amer n’Amer comme « Amer qui s’appartient », une sorte d’hyper-subjectivité qui ressort dans le nom, autrement dans le destin de celui qui sera, pour paraphraser Matoub Lounès, « séparer de lui-même » tant il refuse d’accepter le nouvel ordre naissant incarné par Mokrane n’Aït Slimane.

            Ce qu’aucun des critiques de Jean Amrouche ou de Mouloud Feraoun n’a vu, c’est que dans leur journal, cette disparition de l’ordre culturel fondateur est évoquée de manière explicite, mais aussi de manière implicite, à travers ce qui pourrait apparaître pour certains comme une hyperbole. J’entends employer ici le terme de « génocide ». Ce crime de masse est une hantise des deux témoins de la guerre d’Algérie. Une obsession qui revient tel un leitmotiv tant elle repose sur des faits accomplis (massacres de villages entiers) ou sur les menaces des militaires et des politiques français qui avouent involontairement l’existence de ce que nous appellerons une « tentation génocidaire ».

            A des Français qui se plaignent du danger qu’ils encourent quotidiennement, Feraoun finit par répliquer : « … le jour où vos soldats auront décidé de nous exterminer, croyez-vous qu’ils choisiront leurs victimes[45] ? ». Plus loin, il cite le massacre de Tebessa pour venger la mort d’un officier de la Légion. Mais Feraoun reste marqué par le terrible commandant Achar qui l’avertit : « … le peuple de France veut garder l’Algérie. Garder l’Algérie, même sans les Kabyles. […] Deux canons braqués sur chaque village. C’est tout. Et le village cesse d’exister[46]. » Cette angoisse se développe et s’exprime par des références à ce que Saint-Augustin appelle la « masse perdue ». Feraoun est angoissé par l’invention de la bombe atomique. Il a ainsi compris avant tous les anthropologues contemporains dans quelle mesure cette arme allait participer à la surenchère dans la violence. Jean Amrouche n’est pas dupe non plus. Il sait que le système colonial, avec la guerre d’Algérie, atteint ses propres fondements. Les massacres ainsi que l’éventualité d’un génocide à plus grande échelle sont inscrits dans son histoire. Ainsi, il compare le régime colonial au régime nazi et parle de Guy Mollet et de Robert Lacoste comme des héritiers du « nazisme d’avant Hitler[47] ».

Jean-Amrouche            Face à cette hideuse humanité, les deux auteurs vont s’investir entièrement dans leur journal. L’œuvre devient un espace qui évoque le ventre maternel. Selon Béatrice Didier : « L’écriture un peu informe du diariste répond à cette double obligation : ne pas faire une œuvre, ne pas accéder à l’âge adulte, et pourtant écrire, se servir du journal comme d’un refuge et d’un miroir, y réintégrer un état de bonheur et d’irresponsabilité, d’unité, de sécurité, qui est celui de la vie prénatale ou des premières années de la vie[48]. » Ce retour à l’espace intra-utérin pour une nouvelle naissance après le chaos qui a découvert tout ce que l’humanité peut avoir de monstrueux se manifeste de diverses manières que nous énumérerons rapidement ici, sachant qu’elle suit un schéma identique chez les deux auteurs. Jean Amrouche commence par « tuer le père » aimé qu’est le général de Gaulle dont les tergiversations ont fini par le décevoir. Il est aussi amené à se séparer de sa belle-mère : « Ma belle-mère m’a tué depuis longtemps. Symboliquement, elle m’a effacé…[49] ». La cause en est un article paru dans la presse française et qui souligne l’engagement d’Amrouche en faveur de l’indépendance algérienne, ce que sa belle famille interprète comme une trahison. Cette forme d’excommunication est reçue par Amrouche comme une violente sentence venant de la France tout entière. Feraoun, lui, tue le père qui le rattachait sentimentalement à la France incarné par son premier maître kabyle qui lui a appris que la France était sa « patrie adoptive ». L’humiliation subie par ce père à qui l’administration a refusé un poste accordé à un jeune sans expérience jette une grande lumière sur la terrible réalité des inégalités entre Français et Algériens. Tous les discours du maître deviennent, pour Feraoun, non plus ceux d’une autorité, mais de quelqu’un qui a « la candeur des grands enfants, avec toute la naïveté de sa bonne bouille ronde, rougeaude et toujours souriante[50]. » Dépossédé du père, il ne reste plus au diariste qu’à retrouver le ventre maternel dont il a été coupé de force : « Non le temps de Jeanne d’Arc est passé pour l’Algérie puisqu’il y a eu la Kahena[51]. » Chez Feraoun, ce ventre est d’abord involontairement métaphorisé par la maison qu’il était en train de construire et qui lui tient particulièrement à cœur. Pour lui, c’est là un refuge sécurisant et un enracinement dans la terre ancestrale. La terre kabyle est justement l’espace de vie où le récit du journal est généralement circonscrit. Fort National, Larbaa Nath Irathen est un autre visage de cette mère violée par les violences coloniales et où un nouveau monde est en train de naître. C’est aussi le cas pour Jean Amrouche qui évoque la culture et la poésie kabyle qui lui sont transmises par celle qu’il appelle « petite maman ». Fadhma Nath Mansour occupe une place privilégiée dans le journal de son fils, de même que sa sœur Taos.

            Cette quête de la mère est aussi un choix politique auquel fait écho la relation conflictuelle d’Amrouche avec sa belle famille. Chercher la mère kabyle, c’est chercher une mère juste qui met sous le même pied d’égalité tous ses enfants. Cela au contraire de la République Française dont le système judiciaire est inique. Combien de fois Feraoun et Amrouche ont écrit sur les condamnations rapides et sans fondement des Algériens, alors que des généraux et des militaires français ayant massacré et torturé étaient acquittés et remerciés d’avoir servi la nation. Cet intérêt particulier pour le système judiciaire ne pourrait être compris que si l’on se réfère à sa fonction dans les sociétés modernes. Il s’agit en l’occurrence de mettre un terme à la répétition de la violence et à la vengeance par un système admis par tous et qui cache sa violence. Quand une « justice est injuste », elle ne fait que multiplier le désir de vengeance et aggraver la violence qui menace les fondements même de toute société humaine et l’équilibre psychique de tout individu.

Communication au colloque "Hommage à un intellectuel algérien pionnier de la littérature algérienne moderne" (Alger, 15-17 mars 2012).

[1] Mouloud Feraoun, Journal 1955-1962, Paris, éd. Seuil, coll. Point, 1962.

[2] Jean El Mouhoub Amrouche, Journal 1928-1962, édité et présenté par Tassadit Yacine Titouh, Paris, éd. Non Lieu, 2011.

[3] Youssef Nacib, Mouloud Feraoun, Paris, éd. Nathan, 1982.

[4] Sigmund Fredu, Psychologie collective et analyse du moi [1921], Traduction de l’Allemand par le Dr. S. Jankélévitch, un document produit en version numérique par Gemma Paquet sur le site http://www.scribd.com/rbouwing/d/73944507-Sigmund-Freud-Psychologie-collective-et-Analyse-du-Moi-1, p. 51.

[5] Op. cit., p. 20.

[6] Jean El Mouhoub Amrouche, Chants berbère de Kabylie. Poésie et théâtre, Paris, L’Harmattan, 1983.

[7] Jean El Mouhoub Amrouche, « La France comme mythe et comme réalité : de quelques vérités amères », dans Le Monde, Paris, 11 janvier 1958.

[8] Op. cit., p. 367.

[9] Op. cit., p. 338.

[10] Ibid., p. 339.

[11] Ibid., p. 180.

[12] Op. cit., p. 266.

[13] Op. cit., p. 227.

[14] Alain Girard, Le Journal Intime, Paris, PUF, 1963, p. 506.

[15] Op. cit., p. 305.

[16] Ibid., p. 338.

[17] Ibid., p. 325.

[18] Ibid., p. 308.

[19] Op. cit., p. 508.

[20] Mouloud Feraoun, op. cit., p. 371.

[21] Op. cit., p. 331.

[22] Ibid., p. 305.

[23] Op. cit., p. 35.

[24] Ibid., p. 188.

[25] Op. cit., p. 351-352.

[26] Beïda Chikhi, « L’éphémère et le pérenne. Synthèse de la temporalité dans l’écriture du journal d’Henry Bauchau Passage de la Bonne-Graine » dans Histoire, mémoire, identité dans la littérature non fictionnelle. L’exemple belge, dir. Annamaria Lassera, Bruxelles, Presses Interuniversitaires Européennes, coll. Documents pour l’histoire des francophonies / Théorie, 2005, p. 302 303.

[27] Op. cit., p. 41.

[28] Op. cit., p. 459.

[29] Marcelo N. Viña, « La spécificité de la torture comme source de trauma. Le désert humain quand les mots se meurent », Revue française de psychanalyse, 2005/4, Vol. 69, p. 1222-1223.

[30] Mouloud Feraoun, La Terre et le Sang, Paris, Editions du Seuil, coll. Points, 1953 et 1961 pour la préface d’Emmanuel Roblès.

[31] Journal 1955-1962, op. cit., p. 354.

[32] Jean Amrouche, Journal 1928-1962, op. cit., p. 325.

[33] Op. cit., p. 460.

[34] Op. cit., p. 336.

[35] Robert Elbas, Martine Mathieu-Job, Mouloud Feraoun. Ou l’émergence d’une littérature, Paris, Karthala, 2001, p. 104.

[36] Ibid., p. 352.

[37] Op. cit., p. 266.

[38] Op. cit., p. 352-353.

[39] Ibid., p. 349.

[40] Op. cit., p. 268.

[41] Ibid., p. 281.

[42] Ibid., p. 460.

[43] Jean El Mouhoub Amrouche, Cendres, Poèmes (1928-1934), « Adieu au pays natal », Paris, éd. L’Harmattan, coll. Ecritures arabes, 1983.

[44] Mouloud Feraoun, Les Chemins qui montent, Paris, éd. Seuil, 1957.

[45] Op. cit., p. 117.

[46] Ibid., p. 279.

[47] Op. cit., p. 380.

[48] Béatrice Didier, Le Journal Intime, Paris, Puf, coll. Littératures modernes, 1976, p. 115.

[49] Op. cit., p. 336.

[50] Op. cit., p. 139.

[51] Ibid., p. 64.

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Discussion

Une réflexion sur “Mouloud Feraoun et Jean Amrouche, une Histoire, deux journaux

  1. Bouleversés, agressés, attaqués, critiqués, et je ne sais quoi rajouter, ces deux écrivains resteront de grandes pointures de la littérature francophone algérienne. Des pionniers, sans doute !

    Publié par Lemjed | 5 février 2017, 23:54

Le tour du monde des arts francophones

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