La forme brève et l’écriture en fragments dans Les Rets de l’oiseleur de Tahar Djaout
Par Anne Guillot
« …ciel/
Une césure emprisonne la mer tassée à l’horizon. Et une brassée de mouettes. Les bateaux se profilent comme les bribes incertaines d’un rêve fuyant… […] Et comme par miracle se meut /un déclic de soleil rature sa mémoire. » (p. 9)
Ainsi s’ouvre la nouvelle « Les Rets de l’oiseleur » publiée dans la revue Liberté en 1976, qui donne son titre à un recueil[1] de treize nouvelles dans lesquelles Tahar Djaout évoque à travers des figures d’enfants et d’hommes sa propre vie, comme représentative de celle de son peuple.
Dès l’ouverture du texte, le « ciel », espace infini des oiseaux symbolisant la liberté, est strié d’une barre oblique, appelée aussi « barre de fraction », qui réalise visuellement ce qu’elle exprime, c’est-à-dire couper le texte : c’est justement l’aspect fracturé, morcelé de ce bref « récit » de sept pages qui frappe le lecteur. L’auteur évoque en effet plus qu’il ne narre la décision d’un enfant de quitter son village et la nature environnante soumis à la loi du mystérieux « oiseleur » dont la menace de destruction aveugle et cruelle plane sur toute forme de vie. Si l’on reconnaît sans peine dans cet oiseleur, en un premier niveau de référence symbolique, l’occupant français armé, l’écriture poétique de cette nouvelle invite aussi à y lire un message plus universel sur ce que l’enfance retient, comme image figée dans sa mémoire, de la violence et du désir de liberté.
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