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Bande dessinée francophone

Marguerite Abouet et Clément Oubrerie, Aya de Yopougon (tome 1 et 2)

Loin des clichés pessimistes sur l’Afrique

par Jessica Falot

C’est un prix du premier album au festival d’Angoulême 2006 bien mérité qu’a reçu cette bande dessinée pleine d’humour et de tendresse.

Projeté dans la Côte d’Ivoire fleurissante des années 70, loin des clichés pessimistes sur l’Afrique, on y retrouve le quotidien de trois jeunes filles habitant un quartier populaire de la capitale renommé « Yop city ». Tandis qu’Adjoua et Bintou ne pensent qu’à trouver un homme au bar « Ça va chauffer », Aya, de son côté, a l’ambition de devenir médecin afin d’échapper à la série des trois « c » : « coiffure, couture et chasse au mari » (p.18).  Leurs tribulations donnent lieu à de drôles de situations comme celle où le père d’Adjoua entre dans la chambre de ses enfants compter les pieds qui dépassent des couvertures afin de s’assurer qu’ils sont tous là. Les dialogues, eux, sont vifs et rythmés d’expressions truculentes où se mélangent l’argot ivoirien (nouchi) et le français. On y apprend, entres autres, qu’un « génito » est un jeune homme qui a de l’argent à gaspiller, que sortir faire la fête se dit « gazer » et danser « décaler ».

 Premier album de la collection « Bayou » chez Gallimard, Aya est née de l’imagination d’une scénariste franco-ivoirienne, Marguerite Abouet qui a su puiser dans ses souvenirs d’enfance pour créer des personnages très proches du lecteur et d’une rencontre avec un illustrateur jeunesse Clément Oubrerie dont le talent a été de rendre compte de cette dynamique. Pour cela, il utilise un crayonné très précis et expressif ainsi que des couleurs vives qui rendent l’atmosphère très vraisemblable et ponctue les planches de type classique (gaufriers de 5 ou 6 cases) de pleines pages d’ambiance qui fonctionnent comme des ouvertures au lieu représenté. Certaines rappellent d’ailleurs le carnet de voyage et pourraient se suffire à elles-mêmes.

Cette chronique sociale étant un véritable hymne à cette Afrique dont on ne parle pas assez mais qui existe, pleine de rires et de vie, on trouve à l’issu de chaque tome un « bonus ivoirien » contenant, entre autres, un lexique de nouchi, une recette de sauce arachide (« pour faire rentrer et garder son mari ») , ainsi que des conseils pour apprendre à nouer un pagne et rouler du tassaba ! Un régal!

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